Messe d’action de grâce à Tharon

 Dans Brèves, Homélies

en souvenir de l’abbé Pierre Gicquel et de tous ceux et celles qui à sa suite et jusqu’à ce jour ont œuvré pour la chapelle Sainte-Anne de Tharon, jeudi 3 août 2023. Messe présidée par Monseigneur Lucien Fruchaud. Voici son homélie :

La demeure de Dieu

Frères et sœurs, il nous est donné de lire ce beau passage du livre de l’exode en ce jour où, dans l’action de grâce, nous honorons la mémoire de l’abbé Pierre Gicquel qui – devant l’affluence des fidèles qui chaque dimanche des étés de ces années 55/60 venaient dans la petite chapelle de Tharon célébrer le Seigneur – entrepris l’agrandissement de cette ‘demeure de Dieu au milieu des hommes’. Que nous dit ce passage de l’exode ?  Moïse, choisi par Dieu pour cette mission, a libéré le peuple de Dieu retenu en esclavage en Egypte. Guidé par la main toute bienveillante de Dieu, il conduisit ce peuple par l’immense désert sur le chemin de Terre Promis mais sans savoir quand il y parviendrait. Il y avait déjà deux ans que ce Peuple de Dieu cheminait dans le désert. La fatigue, la lassitude se faisaient déjà sentir. Voici que le Seigneur demande à Moïse, à qui il a remis les tables de la loi, de lui ‘ériger une demeure’ dans laquelle il déposera l’arche de l’alliance contenant les tables de loi. Ce sera sa ‘demeure’. Edifice très léger et mobile fait de ‘poutres et de traverses’ – dit le texte – pour qu’il puisse être déplacé à chaque avancée du peuple vers la terre promise. Dieu tenait à avoir ‘sa demeure’, à résider, au milieu de son peuple. Les signes de sa présence étaient bien à la fois l’Arche de l’alliance’ mais aussi sa ‘Nuée’ qui recouvrait la ‘tente de la rencontre’ que Dieu avait déjà demandé de dresser depuis le départ de l’Egypte.

Dans toute l’histoire d’Israël, dans toute l’histoire de l’Eglise fondée par le Christ, tout peuple, toute communauté, a toujours eu besoin de lieux pour signifier la présence de son Seigneur et de de lieux dans lesquels il puisse se rassembler pour l’honorer, le prier, se fortifier ensemble dans leur marche vers la ‘Terre promise’.

Entreprendre la construction d’un édifice religieux aujourd’hui, travailler à l’agrandir, l’embellir, l’entretenir n’a aucun autre sens et ne doit rien chercher d’autre que de permettre d’offrir au monde des ‘signes’ de la présence du Seigneur et des lieux où il réside ; des lieux où les fidèles puissent venir personnellement et communautairement le louer, lui rendre-grâce, le prier, entendre sa Parole, le célébrer et se fortifier dans le chemin de foi que chacun doit parcourir au cœur du monde et dans l’aujourd’hui  qu’il nous faut tous vivre.

Dans ma vie de jeune, de séminariste et de jeune prêtre j’ai eu le bonheur, comme certains d’entre vous, de connaître ce prêtre, ce ‘Père Gicquel’ comme nous l’appelions. Il nous a tous marqués fortement. Nous avons vite compris que s’il consacrait beaucoup de temps, d’efforts en tout genre pour agrandir cette trop petite chapelle qu’il avait trouvée en arrivant à Tharon, ce qui lui importait le plus était bien de faire grandir au milieu du monde l’Eglise de Dieu faites de ‘Pierres vivantes’. Ses prédications dominicales et quotidiennes, au-delà du style apparemment plein de rudesse qui le caractérisait, n’avaient d’autres buts. C’est près de ce prêtre qui fut le premier à m’accueillir comme diacre et l’année suivante comme prêtre que j’ai vraiment saisi que l’œuvre première du prêtre était de bâtir l’Eglise vivante du Christ, de la rendre signifiante au milieu des hommes et précisément dans les temps qui étaient les nôtres. S’il fallait bâtir des édifices de pierre c’était pour bien faire de tous les baptisés de vraies pierres vivantes de l’Eglise du Christ ; c’était pour édifier réellement la ‘demeure de Dieu’ comme le Seigneur le demanda à Moise ; c’était pour ouvrir largement la ‘tente de la rencontre’ pour que chacun puisse y rencontrer Dieu. C’est bien ce qui fut fait par l’abbé Pierre Gicquel en ce lieu qui nous rassemble et fut poursuivi par l’abbé Charles David. C’est le Père David qui continua cette œuvre après la mort brutale du Père Gicquel, dans la crypte de cette chapelle, au cours de la célébration de la messe de minuit de Noël 1963 (1), alors qu’il venait dans son homélie d’annoncer la naissance du Christ. C’est bien ce qui fut fait hier et qui est fait encore aujourd’hui par beaucoup d’entre vous et par bien d’autres qui ont tenu et savent entretenir cette chapelle et à la rénover merveilleusement comme elle vient de l’être et qu’elle le sera encore dans les mois à venir. Il est clair que le seul but poursuivi est de donner à tous les fidèles, à tous ceux et celles qui entrent dans ce lieu, un bel espace de célébration, de prière, de réflexion, qui leur permette de découvrir Dieu, de recevoir et de vivre de sa Parole, de se laisser pénétrer par l’immense grâce des sacrements. Le seul but est bien de permettre que cette chapelle permette à tous ceux et celles qui la fréquentent de se dire en sortant, comme Moïse au buisson ardent : ‘Dieu était bien là et je l’ai rencontré’.

C’est pour toute cette œuvre accomplie en ce lieu par tant de personnes tout au long de ces années que nous rendons grâce ce matin. Il sera sans doute à nouveau important de le faire quand le travail de restauration entrepris sera achevé ; de le faire avec tous les acteurs de cette restauration, mais il était bon, en ce jour anniversaire de l’abbé Gicquel, de rendre grâce ensemble pour l’œuvre accomplit tout au long de ces années.

Nous qui avons la grâce immense d’y venir souvent pour prier et célébrer demandons au Seigneur de faire chaque jour de nous tous, chacun avec nos charismes et les missions reçues, des bâtisseurs actifs de son Eglise. A chacun d’apporter sa pierre. Aucune n’est inutile. Toutes les pierres sont nécessaires même si elles ne sont pas toujours visibles. Entendons fortement ce matin le Seigneur nous dire comme il le fit autrefois à Moïse : érige-moi une demeure, dresse la tente de la rencontre, qu’elle soit belle et attirante pour que chacun puisse m’y rencontrer.

Soyons tous d’actifs bâtisseurs de l’Eglise du Christ !

Ex. 40, 16-21.34-38
Ps 83
Mt 13, 47-53

 

L’abbé Pierre Gicquel, chapelain de Tharon de 1946 à 1959, puis curé de Tharonde 1959 à 1963.      Décédé dans la nuit de Noël 1963.

 

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