Homélie du père François-Xavier à l’occasion de la Fête de la Mer à La Pointe Saint Gildas

 Dans Homélies

Homélie pour la fête de la mer à Préfailles
19ème dimanche du temps ordinaire – année C

Dans les textes de l’Ecriture que nous venons d’entendre, il n’est pas question de la mer. Tout juste une brève évocation dans la deuxième lecture, lorsque l’auteur de la lettre aux hébreux nous dit que la descendance d’Abraham et de Sarah sa femme sera « aussi nombreuse que le sable au bord de la mer » … C’est peu !

Mais c’est l’occasion de rappeler en passant que nous ne choisissons pas les lectures de la messe. Elles font partie d’un cycle liturgique qui est le même pour toute l’Eglise, et que nous méditons donc ensemble dans le monde entier, au même moment, ce qui a un sens très fort.

Le thème de cet évangile que nous venons d’entendre n’est pour autant pas hors sujet, si j’ose dire, puisqu’il s’agit de la vigilance. Il fait l’objet d’une béatitude : « Heureux les serviteurs que le maître à son arrivée trouvera en train de veiller » ! Et le Seigneur insiste : « Heureux sont-ils » !

Cet avertissement m’a fait penser tout de suite à ce que signifie « prendre le quart » sur un bateau, c’est-à-dire à cette période de service, de jour comme de nuit, que les marins doivent prendre pour assurer la bonne marche du bateau. Vers minuit ou trois heures du matin, l’heure de veille la plus difficile, il faut rester éveiller pour éviter les mauvaises surprises.

Et des mauvaises surprises il y en a toujours, avec la mer !

Nous pouvons évoquer le Saint Philibert, dans les années 30, dont le naufrage tragique a fait plusieurs centaines de victimes. Ou bien le Lancastria, coulé ici-même, en 1940, faisant près de 4000 morts…  Je pense au dramatique accident survenu au chalutier « Bugaled Breizh », un joli nom qui signifie « enfants de bretagne », mais dont l’équipage n’a pas été préservés pour autant. En pleine nuit, le bateau a été violemment percuté, il a coulé à pic et les 5 marins sont morts noyés. Plus récemment en 2019, un petit chalutier de la Turballe a coulé près de Hoëdic, les 2 marins ont pu être recueilli in extremis par les sauveteurs de la SNSM. Ces sauveteurs eux-mêmes ont payé leur tribut, lorsque leur vedette s’est retournée au Sables d’Olonne, entraînant la noyade de trois d’entre eux. Même la plaisance est évidemment frappée par ces drames de la mer, chaque année, sans parler des migrants qui osent la grande traversée à leurs risques et péril…

Prendre le quart, rester vigilants peuvent donc être une question de vie ou de mort. Permettez-moi de citer à nouveau ces vers de Victor Hugo, dans Océano Nox, que nous apprenions autrefois à l’école : « Oh ! combien de marins, combien de capitaines Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines, Dans ce morne horizon se sont évanouis ! Combien ont disparu, dure et triste fortune ! Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !…

C’est pourquoi nous aimons ce geste traditionnel de la bénédiction de la gerbe, que nous avons accompli tout à l’heure à bord de la vedette de la SNSM, puis jetée à la mer à la mémoire de nos marins péris en mer.

Cette vigilance des sens, de l’œil et de l’oreille, pour voir et entendre le danger potentiel, s’accompagne aussi d’une vigilance morale. Parce qu’il faut veiller sur les autres, lorsque l’on est skipper, barreur, chef de quart, chef de bord ou patron pêcheur. On disait autrefois : « seul maître à bord après Dieu », ce qui n’étais pas une permission de faire n’importe quoi arbitrairement mais au contraire, qui rappelait la nécessité de protéger l’équipage, corps et âme. Cette vigilance morale est exigeante, elle nécessite des qualités de responsabilité, de compétence, de disponibilité et de service. Mais elle est source de joie et de fierté, comme tout bon artisan devant le travail bien fait.

Et puis nous voyons dans l’évangile que cet appel à la vigilance a aussi une dimension spirituelle. Le maître qui demande à ses serviteurs de rester vigilants pour ne pas s’endormir ou laisser le voleur entrer, c’est Dieu, c’est le Fils de Dieu. « Tenez-vous prêts, c’est à l’heure ou vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra ». Personne ne connaît ni le jour ni l’heure de sa mort, et bienheureusement, sinon vous devinez quelle serait notre état d’angoisse insoutenable au fur et à mesure qu’approcherait la date fatidique. C’est pourquoi il nous faut donc apprendre à être prêts, c’est-à-dire à vivre avec droiture, dans l’amour de Dieu et du prochain, de telle sorte que nous soyons trouvés dignes lorsque viendra le jour, de prendre place à la table du Royaume. C’est ce que nous demandons traditionnellement à la Vierge Marie, Notre Dame de la mer, stella maris : « priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ». Ainsi, cette béatitude de la vigilance nous aide à maintenir vivantes notre foi, notre espérance et notre amour. Demandons au Seigneur de raviver ses dons dans nos cœurs : ainsi, grâce à la foi et dans la charité, nous goûterons ensemble au bonheur promis.

Prions : Tu es béni, Seigneur, Dieu notre Père, Créateur de l’Univers, toi qui as fait tout ce qui est bon. Tu nous as donné la mer et ses ressources : permets que nous nous en servions toujours avec sagesse et dans l’action de grâce.
Béni Seigneur ceux et celles qui vivent de la mer ; nous te confions en ce jour tout particulièrement ceux qui ont péri en mer au cours de leur travail : accorde-leur le repos de leur âme et protège leurs familles. Toi qui es le Dieu vivant, avec ton Fils et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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