Homélie du père Arnaud à l’occasion de son départ de nos paroisses

 Dans Homélies

Frères et sœurs, Jésus est décidément déconcertant. C’est juste au moment où Pierre reconnaît en lui le Messie, le Christ, que Jésus leur annonce sa passion. Pour les disciples, c’est la douche froide.

Et Pierre n’a pas fini d’être décontenancé. Il discute fermement avec Jésus en lui reprochant cette perspective de souffrance. Mais les vifs reproches de Pierre amènent une vive interpellation de Jésus : « passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».

Pour Pierre, cela a du être une terrible épreuve. Après de telles paroles de Jésus, on aurait pu s’attendre à voir Pierre disparaître sans demander son reste. L’histoire aurait du continuer sans lui.

Et pourtant, c’est bien le successeur de Pierre qui conduit encore aujourd’hui l’Eglise du Christ. Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que le disciple aux pensées trop humaines retrouve la confiance et l’intimité du Seigneur Jésus ? Comment Pierre a-t-il pu traverser cette terrible épreuve d’être comparé par Jésus lui-même à Satan, l’adversaire ?

Je crois que pour comprendre, il nous faut poursuivre la lecture de ce passage d’évangile. Après cette scène houleuse entre Jésus et Pierre, Jésus appelle ses disciples, et les enseigne. « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra. Mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’évangile la sauvera. »

Je crois que Pierre a du écouter humblement cet enseignement de Jésus. Pierre aurait pu se braquer, se mettre en colère et partir. Mais Pierre, par dessus tout, aimait Jésus. Pierre ne comprenait pas toujours, mais Pierre  aimait toujours Jésus, il voulait toujours marcher derrière Lui. C’est par l’amour que Pierre a tenu bon comme disciple du Christ. Pierre était sans doute coléreux, têtu, présomptueux. Parfois même il a pu montrer de la lâcheté. Mais au-delà de toutes ces limites et son péché, Pierre aimait Jésus plus que sa propre vie.

Frères et sœurs, c’est comme cela que je voudrais aimer Jésus.

C’est comme cela que je voudrais que vous l’aimiez. Pas en rêvant d’être sans défaut et sans péché avant de L’aimer. Mais en accueillant comme Pierre à la fois le choix gratuit du Seigneur, et sa miséricorde.

Rappelez-vous.

Pierre est d’abord appelé par André son frère qui a rencontré Jésus.

Puis Pierre est appelé lui-même par Jésus alors qu’il lave ses filets.

Puis par Jésus encore comme l’un des 12 apôtres, puis comme chef des 12. Jusqu’ici tout va bien.

Mais voilà, devant le mystère de la croix qu’il ne peut accepter, Pierre se fait appeler « Satan ». Au moment de la croix, Pierre reniera. Là commence pour Pierre une nouvelle manière de suivre Jésus et d’être son apôtre. Et Pierre, finalement, donnera toute sa vie à Jésus, faisant preuve par là du plus grand amour. Et c’est cela qui compte.

 

Au moment de partir de ces paroisses, je voudrais ne vous laisser que cela. Aimer, cela seul compte.

 

Aimez-vous dans les couples. Aimez-vous dans les familles. Aimez-vous entre paroissiens. Aimez aussi les prêtres que Dieu vous donne, même si forcément untel est trop comme-ci ou trop comme ça. En retour je peux vous affirmer que Dieu met dans le cœur d’un prêtre un grand amour pour ses paroissiens. Evidemment on a d’habitude beaucoup de pudeur. Mais après tout j’ai si souvent donné ce conseil en confession qu’il fallait dépasser cette pudeur et ne pas hésiter à dire à ses proches qu’on les aime, alors pour cette fois je peux bien m’appliquer ce conseil à moi-même.

Oui j’ai souvent été maladroit, parfois injuste, et je n’ai pas laissé suffisamment l’Esprit-Saint me transformer. Malgré tout cela, malgré mes nombreuses insuffisances, le Seigneur m’a fait la grâce de me laisser toucher par vos existences. A cause de cet amour, j’ai partagé douloureusement vos épreuves. Grâce à cet amour, je me suis profondément réjoui de vous voir grandir dans l’amitié avec le Christ. Comme prêtre, j’ai souvent l’impression de vivre mille vies ! Peut-être que c’est pour cela que j’ai du mal à arriver bien à l’heure et que ma mémoire a du mal à suivre ! Mais quel cadeau vous me faites et quel cadeau me fait le Seigneur en me donnant de partager toutes vos existences !

Alors que vous dire, sinon reprendre justement les mots de Pierre lorsqu’à la fin de sa vie il écrit aux chrétiens de Rome : « d’un coeur pur, aimez vous intensément les uns les autres ». Oui, « d’un cœur pur, aimez vous intensément les uns les autres ».

Quand à moi, mon amour pour vous va être purifié. Il ne s’exprimera plus de la même manière, et le votre non plus. Comme le Seigneur Jésus le prophétise à saint Pierre après la résurrection, je dois moi aussi me laisser conduire par un chemin que je n’ai pas choisi. Mais ce soir ma prière restera peuplée de la multitude de vos visages, de vos joies et de vos souffrances. Et encore comme saint Pierre je dirai, « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ». AMEN

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là,
    Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, 
vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. 
Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : 
« Au dire des gens, qui suis-je ? » 
    Ils lui répondirent : 
« Jean le Baptiste ; 
pour d’autres, Élie ; 
pour d’autres, un des prophètes. »    

Et lui les interrogeait : 
« Et vous, que dites-vous ? 
Pour vous, qui suis-je ? »
Pierre, prenant la parole, lui dit : 
« Tu es le Christ. » 
    Alors, il leur défendit vivement 
de parler de lui à personne.

    Il commença à leur enseigner 
qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, 
qu’il soit rejeté par les anciens,
les grands prêtres et les scribes, 
qu’il soit tué, 
et que, trois jours après, il ressuscite. 
    Jésus disait cette parole ouvertement.
Pierre, le prenant à part, 
se mit à lui faire de vifs reproches. 
    Mais Jésus se retourna 
et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : 
« Passe derrière moi, Satan ! 
Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, 
mais celles des hommes. »
    Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : 
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, 
qu’il renonce à lui-même, 
qu’il prenne sa croix 
et qu’il me suive. 
    Car celui qui veut sauver sa vie 
la perdra ; 
mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile 
la sauvera. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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