Homélie du père François-Xavier – Fête de la Mer à La Pointe Saint Gildas

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Dans les textes de l’Ecriture que nous venons d’entendre, il n’est pas question de la mer. C’est l’occasion de rappeler en passant que nous ne choisissons pas les lectures de la messe. Elles font partie d’un cycle liturgique qui est le même pour toute l’Eglise, et que nous méditons donc ensemble dans le monde entier, au même moment, ce qui a un sens très fort d’unité et d’universalité de notre foi chrétienne.

Cependant, le thème de cet évangile que nous venons d’entendre n’est pour autant pas hors sujet, si j’ose dire, puisqu’il s’agit de notre rapport aux biens de ce monde : « gardez-vous de toute avidité » déclare le Seigneur ! Une autre sentence évangélique déclare : « que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme » …Notre rapport à la mer, que ce soit comme estivant ou comme professionnel exerçant un métier de la mer, doit toujours être marqué par ce souci du respect de la création, avec gratitude et reconnaissance, car la mer est un don de Dieu.

Elle est le signe de la grandeur et de la bonté du Créateur, lorsqu’au commencement du monde il sépara les eaux et qu’il nous est dit : « Dieu vit que cela était bon » ! La mer est bonne en elle-même, elle est le signe d’un ordre naturel voulu par Dieu, digne d’admiration, de contemplation et de protection… A travers elle, on peut se mettre à l’écoute de Dieu.

Pour les estivants, la mer est souvent synonyme de repos, de beauté, de ressourcement. Ces expériences humaines sont aussi chrétiennes, elles nous relient à notre Créateur et peuvent être profondément spirituelles : vivre en communion avec la mer nous rapproche du mystère divin inscrit dans la création. C’est aussi bien sûr une responsabilité, qui doit donc être empreinte de gratitude et de gratuité…

Pour les professionnels de la mer, elle est souvent aussi une réalité rude et imprévisible. Sur notre côte, des évènements tragiques se sont déroulés, qui nous le rappelle : pensons au Saint Philibert, dans les années 30, dont le naufrage tragique a fait plusieurs centaines de victimes. Ou bien le Lancastria, coulé ici-même, en 1940, faisant près de 4000 morts…

Plus récemment en 2019, un petit chalutier de la Turballe a coulé près de Hoëdic, les 2 marins ont pu être recueilli in extremis par

les sauveteurs de la SNSM. Ces sauveteurs eux-mêmes ont payé leur tribut, lorsque leur vedette s’est retournée au Sables d’Olonne, entraînant la noyade de trois d’entre eux. Ces métiers de la mer nous rappellent aussi l’importance de travailler dans le respect des équilibres naturels et la préservation des ressources.

Il ne s’agit pas de dominer la mer, les marins le savent bien, mais plutôt de collaborer humblement avec elle, comme l’intendant fidèle de l’évangile. On disait autrefois : « seul maître à bord après Dieu », ce qui n’étais pas une permission de faire n’importe quoi arbitrairement mais au contraire, qui rappelait la nécessité de protéger l’équipage, corps et âme. Cette vigilance morale est exigeante, elle nécessite des qualités de responsabilité, de compétence, de disponibilité et de service. Mais elle est source de joie et de fierté, comme tout bon artisan devant le travail bien fait…

L’immensité de la mer est donc pour nous tous un lieu d’espérance et de prière. En regardant la ligne d’horizon qui se confond souvent avec le ciel, nous pensons à l’autre rive, à notre éternité. L’Apocalypse nous dit, en parlant de la fin des temps : « de mer, il n’y aura plus », ce qui est une manière de nous parler du monde nouveau et des cieux nouveau que Dieu prépare pour nous…

C’est pourquoi nous aimons ce geste traditionnel de la bénédiction de la gerbe, que nous avons accompli tout à l’heure à bord de la vedette de la SNSM, puis jetée à la mer à la mémoire de nos marins péris en mer.

« Tenez-vous prêts, c’est à l’heure ou vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra ». Personne ne connaît ni le jour ni l’heure de sa mort, et bienheureusement, sinon vous devinez quelle serait notre état d’angoisse insoutenable au fur et à mesure qu’approcherait la date fatidique. C’est pourquoi il nous faut donc apprendre à être prêts, c’est-à-dire à vivre avec droiture, dans l’amour de Dieu et du prochain, apprendre à être riche en vue de Dieu, en ne négligeant pas notre vie chrétienne, vie spirituelle, de telle sorte que nous soyons trouvés dignes lorsque viendra le jour, de prendre place à la table du Royaume. C’est ce que nous demandons traditionnellement à la Vierge Marie, Notre Dame de la côte de Jade, Marie « étoile de la mer », stella maris : « priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ». AMEN !

Prions : Tu es béni, Seigneur, Dieu notre Père, Créateur de l’Univers, toi qui as fait tout ce qui est bon. Tu nous as donné la mer et ses ressources : permets que nous nous en servions toujours avec sagesse et dans l’action de grâce. Béni Seigneur ceux et celles qui vivent de la mer ; nous te confions en ce jour tout particulièrement ceux qui ont péri en mer au cours de leur travail : accorde-leur le repos de leur âme et protège leurs familles. Toi qui es le Dieu vivant, avec ton Fils et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !

 

Père François-Xavier Henry
Fête de la Mer à La Pointe Saint Gildas
Dimanche 3 août 2025

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