Homélie du père Arnaud – 1er dimanche du carême à Saint-Michel et Pornic le 1er mars 2020

 Dans Homélies

Frères et sœurs, ce premier dimanche de carême nous donne l’occasion d’écouter un des textes les plus célèbres de la Bible : l’histoire de la désobéissance d’Eve et Adam, racontée dans le livre de la Genèse.

Cette histoire est célèbre, très connue, tellement bien connue que bien souvent, on ne l’écoute plus vraiment. On est tellement persuadé de tout savoir sur une histoire que l’on n’y fait plus vraiment attention. En fait on croit savoir…

 

Qu’est-ce qu’on entend dire sur ce fameux passage de la Genèse ? On plaisante sur l’histoire de la pomme. Vous savez : une pomme, deux poires, et beaucoup de pépins. Mais vous pouvez chercher dans la bible : il n’est pas question de pomme. Plus sérieusement, quand on demande aux gens quel est ce péché commis par Adam et Eve, beaucoup répondent que cela a quelque chose à voir avec la sexualité. Là encore, vous pouvez relire le texte : il n’en est pas question. Alors je vous propose d’aller à la rencontre de ce texte si célèbre, et finalement si mal connu.

 

Quand on est attentif au récit, on se rend vite compte que le premier péché dont il est question, c’est le mensonge. Et ce mensonge, heureusement, ne vient pas de l’homme. Ce mensonge vient du serpent, de celui dont Jésus dira qu’il est le père du mensonge, homicide dès le commencement. Voici en effet ce que dit le serpent. « Dieu vous a dit : vous ne mangerez le fruit d’aucun arbre du jardin ». Mais le mensonge était un peu gros, et la femme réplique : « nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais pour celui qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon, vous mourrez ». D’après vous, la femme a-t-elle fait la bonne réponse ?

 

Et bien non, la femme n’a pas fait la bonne réponse. Car Dieu n’a pas interdit de manger le fruit de l’arbre du milieu du jardin. L’arbre du milieu du jardin, c’est l’arbre de vie. Par son mensonge, le serpent a poussé la femme à confondre l’arbre de vie, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Le premier est le signe que l’homme reçoit sa vie de Dieu, avec abondance, autant qu’il la désire. Le second rappelle à l’homme qu’il n’est pas Dieu, qu’il ne peut pas décider lui-même de ce qui est bien et de ce qui est mal.

Le serpent a mis au cœur de l’humanité la confusion, la méfiance. Il peut alors continuer son mensonge. La femme aurait du se méfier après avoir constaté le premier mensonge du serpent. Mais elle est déjà contaminée par cette méfiance envers Dieu, en fait par la jalousie envers Dieu, par le refus de recevoir sa vie de Dieu. En mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, la femme ne mange pas un fruit empoisonné. Dieu n’a pas créé de fruit empoisonné. Ne confondez pas avec Blanche Neige et les sept nains ! Non, mais la femme et l’homme manquent délibérément de confiance en Dieu. Et aussitôt ils font l’expérience amère, très amère, du péché, du refus de l’amour de Dieu. Cette défiance envers Dieu se répercute immédiatement entre eux : ils connurent qu’ils étaient nus. L’homme et la femme ne peuvent plus se faire confiance l’un à l’autre. Ils se craignent désormais, ils ont peur d’être utilisés par l’autre, d’être traités comme des objets.

 

Vivre éternellement dans cette méfiance, cette vie de convoitise et de violence, ce serait la pire des choses. C’est pour cela qu’Adam et Eve ne doivent pas manger du fruit de l’arbre de vie dans cet état, c’est pour cela qu’ils seront chassés pour un temps du paradis, et qu’ils mourront. Parce que Dieu ne renonce pas à cette plénitude de vie dans la confiance et dans l’amour : c’est son projet pour l’humanité. Un jour les mêmes anges qui ont été postés à l’entrée du jardin pour empêcher l’homme de vivre toujours dans la méfiance accueilleront le Christ entrant victorieux dans la vie éternelle, en rouvrant pour nous les portes de l’amitié avec Dieu. Et ce sont toujours les mêmes anges qui sont là, devant vous, de chaque coté du tabernacle et symbolisés par des cierges de chaque coté de l’autel. Mais il ne s’agit pas seulement de statues ou de cierges, les anges sont véritablement avec nous lorsque nous célébrons l’Eucharistie.

 

Evidemment le récit de la genèse n’est pas un reportage. C’est beaucoup mieux qu’un reportage, c’est la Parole de Dieu, qui nous éclaire à la fois sur ce qui s’est passé à l’aube de l’humanité, et qui ne cesse de se passer encore aujourd’hui.

 

Voyons comme le serpent nous met aujourd’hui dans la confusion la plus complète à propos de l’arbre de vie : Dieu vous a dit : « tu ne tueras pas » ? Mais êtes vous bien sur qu’un enfant dans le sein de sa mère, c’est déjà une vie humaine ? Il y a mille et une raisons valables pour le faire disparaître, il faut être raisonnable.

D’ailleurs, on va inscrire tout cela dans la même loi. On va inscrire le respect de la vie au début de la loi, et on va inscrire dans la même loi l’autorisation de la violer. Ce n’est pas difficile. On l’a fait.

Vous avez remarqué j’espère, plus le mensonge est gros, plus ça passe.

 

Deuxième acte de Satan, l’adversaire de l’humanité : Puisqu’il y a des centaines de milliers d’avortement tous les ans dans notre pays, puisque la société assume, légalise et rembourse tout à fait cette transgression flagrante du commandement de Dieu, c’est qu’elle est enfin adulte. Notre société est enfin libérée de Dieu, enfin capable de dire ce qui est bien ou mal, en fonction des seuls intérêts économiques et d’une opinion publique en pâte à modeler. On a donc eu tout à fait raison de se débarrasser de ce Dieu si encombrant. A la rigueur, on veut bien lui laisser une place au musée, mais surtout pas dans les lois, surtout pas dans les comités d’éthique, et surtout pas, mais alors surtout pas dans l’éducation.

Je vous ferais remarquer d’ailleurs que Dieu n’en exige pas tant. Depuis que l’homme lui a refusé sa confiance, la seule place que Dieu revendique mordicus, aujourd’hui et depuis 2000 ans, la seule place que Dieu ne lâchera pas, c’est la dernière, celle de la mort sur l’arbre de la croix, qui est le véritable arbre de vie. C’est une place où Dieu est sur de retrouver Adam, c’est-à-dire vous et moi, un jour ou l’autre, et c’est là qu’Il nous attend pour nous redire son amour et nous sauver.

La croix, c’est à cette place que nous aurons à cœur de le retrouver et de demeurer auprès de Lui durant ce carême.                        AMEN

 

PREMIÈRE LECTURE

Création et péché de nos premiers parents (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a)

Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur Dieu modela l’homme
avec la poussière tirée du sol ;
il insuffla dans ses narines le souffle de vie,
et l’homme devint un être vivant.
    Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient,
et y plaça l’homme qu’il avait modelé.
    Le Seigneur Dieu fit pousser du sol
toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ;
il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin,
et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
     Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs
que le Seigneur Dieu avait faits.
Il dit à la femme :
« Alors, Dieu vous a vraiment dit :
‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? »
    La femme répondit au serpent :
« Nous mangeons les fruits des arbres du jardin.
    Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin,
Dieu a dit :
‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas,
sinon vous mourrez.’ »
    Le serpent dit à la femme :
« Pas du tout ! Vous ne mourrez pas !
    Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez,
vos yeux s’ouvriront,
et vous serez comme des dieux,
connaissant le bien et le mal. »
    La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux,
qu’il était agréable à regarder
et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence.
Elle prit de son fruit, et en mangea.
Elle en donna aussi à son mari,
et il en mangea.
    Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent
et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus.

    – Parole du Seigneur.

 

ÉVANGILE

Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté (Mt 4, 1-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

    En ce temps-là,
    Jésus fut conduit au désert par l’Esprit
pour être tenté par le diable.
        Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits,
il eut faim.
    Le tentateur s’approcha et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu,
ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
    Mais Jésus répondit :
« Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »

    Alors le diable l’emmène à la Ville sainte,
le place au sommet du Temple
    et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu,
jette-toi en bas ;
car il est écrit :
Il donnera pour toi des ordres à ses anges,
et :    Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre. »

    Jésus lui déclara :
« Il est encore écrit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

    Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne
et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
    Il lui dit :
« Tout cela, je te le donnerai,
si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
    Alors, Jésus lui dit :
« Arrière, Satan !
car il est écrit :
C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras,
à lui seul tu rendras un culte. »

    Alors le diable le quitte.
Et voici que des anges s’approchèrent,
et ils le servaient.

    – Acclamons la Parole de Dieu.

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