Edito sur la liberté à méditer
Retrouvez ci-dessous l’édito du père Arnaud publié le 15 novembre.
Chers paroissiens, dans toute crise on peut se laisser obnubiler par les contrariétés et les problèmes, c’est une attitude stérile et déprimante. Dans toute crise on peut aussi discerner les opportunités, les ouvertures, et permettre une grande fécondité. Je voudrais vous partager aujourd’hui ce qui me paraît être une occasion providentielle à accueillir.
Dieu nous a créés pour la vie, et la vie en abondance. Dieu nous invite à choisir la vie, et pas n’importe quelle vie, la communion d’amour qu’Il est en lui-même. Il nous revient à chacun de faire ce choix, cet acte libre d’accueillir en nous la vie. Voilà pourquoi notre liberté est si précieuse.
Et bien il me semble qu’aujourd’hui cette crise nous offre l’opportunité de nous réapproprier notre liberté qui était en train de s’étioler, de se dessécher, avec le risque de mourir, depuis des décennies, particulièrement en occident.
Notre liberté étouffait sous l’accumulation des biens matériels. Notre liberté était comme hypnotisée par l’asservissement aux écrans de toutes sortes et tout ce qui est virtuel. Notre liberté dépérissait de par la généralisation des drogues, qu’il s’agisse de substances, de sexe, de divertissements bas de gamme.
Vous connaissez sans doute la parabole de la grenouille. Si on met une grenouille dans l’eau froide et qu’on chauffe l’eau très lentement, la grenouille va s’habituer progressivement à l’augmentation de la température, jusqu’à se sentir mal et n’avoir plus la force de réagir, et elle va mourir. Mais si vous jetez une grenouille dans de l’eau très chaude, elle va aussitôt sauter hors de l’eau pour s’échapper et ne pas mourir.
Depuis des décennies l’eau chauffait doucement et notre liberté intérieure était gravement en danger. Et voilà qu’à travers cette crise que nous traversons l’eau s’est mise à chauffer très rapidement.
Tout à coup nous réalisons que notre liberté est menacée. Et bien c’est une occasion providentielle pour échapper à tout ce qui nous asservit.
Notre liberté est d’abord celle de notre esprit et de notre intelligence. C’est donc d’abord par le soin que nous apporterons à notre vie intellectuelle et spirituelle que nous pourrons nous réapproprier notre liberté.
Si nous regardons l’histoire, les esclaves n’ont pas été durablement libérés par Spartacus ni par aucune révolte violente, mais par des hommes comme saint Paul ou plus tard Bartolomé de las Casas ou encore Gandhi, des hommes qui ont réfléchi, prié et payé de leur personne.
Je vous propose deux pistes. La première est naturellement d’éviter les pièges mentionnés plus haut. Il s’agit d’opter pour une vie sobre, de nous affranchir autant que possible des écrans et de nous sevrer des drogues qui nous aliènent. Mais il ne suffit pas d’éviter les choses mauvaises par le jeûne, même si ce jeûne est nécessaire. Surtout il faut nourrir notre intelligence et notre cœur avec ce qu’il y a de meilleur.
Nous avons un immense trésor à notre disposition dans la littérature. Rien n’est plus vivifiant pour notre liberté d’esprit que de fréquenter Homère, Shakespeare, Victor Hugo, Dostoïevsky, Bernanos, Tolkien, et bien d’autres. Outre la joie profonde que cette nourriture procure à l’esprit, c’est un antidote puissant aux tentations totalitaires comme Huxley et Orwell l’ont bien décrit dans les dystopies cauchemardesques du « meilleur des mondes » et de « 1984 ».
Bien sûr nous avons la prière, la fréquentation de la Parole de Dieu et les sacrements. Nous avons la foi. Rendons-grâce à Dieu pour cette foi qui nous anime !
Mais comme saint Jean-Paul II nous l’a rappelé avec une image suggestive, l’oiseau a besoin de deux ailes pour voler. Nous devons nourrir la foi et nous devons nourrir l’intelligence. La foi et l’intelligence sont comme les deux ailes qui nous permettent de grandir en liberté et de connaître Dieu.
Chers paroissiens, notre liberté est précieuse. Que cette crise soit l’occasion de grandir en liberté, alors non seulement nous serons vraiment libres pour aimer Dieu et notre prochain, mais nous pourrons aussi aider nos frères à reconquérir cette liberté, une liberté essentielle pour accueillir la vie de Dieu.