Vie de la Paroisse

JUBILE DU PERE GOUY

Chapelle de Prigny (Les Moutiers) le 2 juillet à 10h30

Le 2 juillet, lors du pèlerinage de Prigny, je célèbrerai le 60ème anniversaire de mon ordination sacerdotale. J’ai été ordonné prêtre dans la cathédrale de Nantes le 29 juin 1957 en la fête de St Pierre et St Paul par Mgr Villepelet. A Prigny nous fêterons donc St Pierre et St Paul et non St Jean-Baptiste comme nous le faisons d’habitude. Lors de cette messe du 2 juillet, je dirai davantage ce qui m’a fait vivre au cours de ces 60 ans. Dans cet article, je donnerai un tour plus anecdotique, plus historique à mes propos.

Tout d’abord depuis septembre 2005, je suis habitant des Moutiers à plein temps (j’y étais arrivé à l’âge de 4 ans). Il n’y a pas d’âge légal pour coopérer à la mission du Christ comme

prêtre ou pour cesser de lui apporter son concours. Mais à 73 ans passés, pour des raisons de santé, j’ai demandé à mon évêque d’être déchargé de toute responsabilité, tout en continuant à servir l’Eglise. Vous, paroissiens de St Jean-le -Baptiste-en-Retz et de St Gildas-de -la-Mer, vous me voyez donc, depuis septembre 2005 (ou septembre 2009 pour St Gildas) exerçant ma mission de prêtre dans les églises et communautés chrétiennes des deux paroisses à l’invitation de vos prêtres.

 

Il y a 60 ans le « Bateau -Eglise » naviguait sur une mer encore assez calme : le ciel était clair, à part quelques nuages de temps en temps. Les balises et les phares étaient bien visibles et servaient de points de repère. Certes la pratique religieuse commençait à s’éroder aux Moutiers, mais la majorité des enfants suivait le catéchisme et se présentait au sacrement de Confirmation. Il y avait deux messes aux Moutiers le dimanche, la « 1ère messe » et la « grand’messe ». Le père René Guyot était curé des Moutiers : c’était un homme de prière qui passait une heure dans son église à se recueillir tôt le matin avant sa messe, un prêtre très proche de ses « ouailles », un prêtre « traditionnel » aussi qui mourut subitement dans sa soutane en 1977. Avec Louis Thibaud au polyphone et le chœur des jeunes filles « chanteuses » il prenait en main la grand’messe du dimanche.

 

Le père Rémi Crespin, « prêtre de la Mission de France » originaire des Moutiers, était ordonné avec moi (il est actuellement résident de la Maison de retraite de Bouin, depuis 7 ans, terrassé par un grave accident vasculaire cérébral). Deux prêtres des Moutiers ordonnés en ce 29 juin 1957 : quel événement ! Le dernier prêtre originaire des Moutiers était l’abbé Louis Arrouet décédé en 1928. L’ordination et la première grand’messe des deux prêtres des Moutiers donnèrent lieu, bien sûr, à de grandes manœuvres paroissiales orchestrées par l’abbé Guyot. Les « choristes » de l’époque (on dit aujourd’hui servants d’autel) se souviennent de leur déplacement à la cathédrale de Nantes pour notre ordination.

 

Quels ont été les divers lieux d’exercice de mon ministère de prêtre pendant ces 60 ans : 1 an à la Catho d’Angers pour y terminer des études, 10 ans dans l’enseignement catholique au collège- lycée St Joseph de Châteaubriant, 19 ans en paroisse : à la Montagne, à Nantes (ND de Toutes-Joies, ND de Bon Port), 18 ans dans les services généraux du diocèse de Nantes : service des vocations, Maison d’accueil des prêtres âgés et malades (le Bon Pasteur en particulier) et puis mes allées et venues dans nos deux paroisses à partir de ma base des Moutiers.

 

C’est bien dans la foi que nous, prêtres, percevons le sens de notre ministère. Notre ministère de prêtre diocésain nous rend petits aujourd’hui. Nous ne pouvons faire le malin. A vues humaines, nous n’avons pas les moyens de nos projets. Nous avons simplement l’audace de la foi. Nous sommes souvent comme les disciples au moment de l’Ascension, nous rêvons du passé : « Seigneur est- ce maintenant que tu vas rétablir la royauté d’Israël ? » Mettez ce que vous entendez derrière ces termes. Est-ce maintenant que nos églises vont devenir pleines, que nos mouvements et nos aumôneries vont redevenir dynamiques, que nos séminaires vont se remplir ? Ecoutons bien la réponse de Jésus : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux confins de la terre. » N’est-elle pas là, la véritable joie des prêtres aujourd’hui ? Nous sommes appelés pour ce 21ème siècle à devenir disciples et apôtres de Jésus. Voilà la véritable source de notre joie.

 

Dans l’Eglise d’aujourd’hui, il faut retrouver une confiance profonde dans le Christ et le don de son Esprit. Car quand on parle de paroisses aujourd’hui, c’est toujours par un langage « moins ». Moins de gens à la messe, moins de prêtres, moins d’enfants, moins d’engagements… La confiance dans le Christ nous permet de regarder les évènements non comme la chute prévisible de l’Eglise en Occident, mais comme une période de purification, un exil, un abandon de toute-puissance terrestre pour retrouver le cœur de notre foi et la richesse de la Parole de Dieu. J’y travaille tout le temps qu’il me sera encore donné pour ce service.

 

Jubilé Père Gouy
 
Jubilé Père Gouy